Posté le 8 juillet 2020 par La Rédaction

En 1987, André Juillard du CNRS recense plus de 1 200 prières inscrites sur l’enduit des murs de la chapelle d’Aigrefeuille (Bâgé-Dommartin).
Ici, en ce lieu paisible de la campagne bressane, des milliers de pèlerins (père, mère, parrain, marraine…) sont venus invoquer Saint Lazare pour la guérison de leur enfant rachitique.

La découverte récente d’une bulle plomb provenant de la maison mère de l’ordre de Saint-Lazare à Jérusalem, rappelle la vocation première des hospitaliers : soigner le mal de lèpre.
En Europe, ce fléau disparaît vers le XVIe siècle. Les origines d’un nouveau flot populaire à la commanderie d’Aigrefeuille sont inconnues. Dans son bail de 1650, le commandeur Balthazar de Lemps fait mention de « pèlerins ».
Ils viennent de loin (mâconnais, beaujolais, bresse…), seuls ou accompagnés de leur enfant malade.
Dans la chapelle, par l’intercession de la Sainte Vierge Marie et de Saint Lazare, les voyageurs invoquent Dieu pour qu’il favorise la croissance et la bonne santé de leurs enfants rachitiques, débiles ou malades.

Le rituel débute par la prière.
Personnel, intime, le recueillement est tourné vers Dieu. Une protection sur la famille est sollicitée, et plus précisément pour l’enfant malade. Puis il est dit : « Donnez et vous obtiendrez ».
Le don est pécuniaire ou matériel, sous forme d’un ex voto. Il s’agit d’un lange, d’un linge ou d’un bavoir du nourrisson qu’il faut accrocher au mur, sous le regard bienveillant de Saint Lazare.
Après l’offrande et sur le principe de la Grotte de Notre-Dame du Lait de Bethléem, le pèlerin récupère de la poussière ‘’bénite’’ qu’il va mélanger aux aliments du nourrisson chétif.
Le précieux dépôt est obtenu soit en grattant les rebords de la pierre consacrée de l’autel, soit en faisant une récupération à la pointe de son couteau dans les briques, autour de l’armorium.
Ce placard liturgique sacré contient les objets du culte.
Enfin, dans un ultime geste, pour que son message soit pérenne et peut-être parce qu’il est venu de loin, le pèlerin grave le crépi (ou les bois) de la chapelle d’une phrase courte mais significative sur le souhait et le but de sa venue. C’est la prière murale !
Une médaille en laiton a été frappée pour commémorer ce pèlerinage régional important. 

Traversant les tourmentes, la porte de la chapelle n’avait jamais été fermée jusqu’à nos jours, même si dans les dernières décennies du XXe siècle, elle était devenue inaccessible, masquée par une abondante végétation hostile. Aujourd’hui et à la suite de la restauration de la chapelle, le pèlerinage aurait tendance à reprendre…

Mardi 28 juillet à 18 h 
Visite guidée estivale sur réservation à l’Office de Tourisme du Pays de Bâgé et Pont-de-Vaux 03 85 30 30 02