Posté le 8 décembre 2020 par La Rédaction

Parti mi-juin, Florian Gomet a mis trois mois pour rejoindre la mer Noire depuis Gibles. L’aventurier est parti pieds nus, sans argent, sans carte, sans boussole, en quête de confiance en l’être humain. 

Fin octobre, hameau de Vernay, Gibles. Florian Gomet est encore épuisé de l’effort physique qu’il vient de produire. « Je dors encore douze heures par jour, je ne suis pas encore tout à fait remis physiquement », sourit-il. Sa dernière aventure en date vient de prendre fin : 3 500 km, de Gibles à la mer Noire, en courant pieds nus, sans argent, sans carte, sans boussole, sans papiers, sans trousse de secours. Avec un rythme de plus d’un marathon par jour, Florian Gomet a signé un véritable exploit. « Il m’a fallu cinq années de préparation, admet-il. Au début, j’avais mal aux pieds dès que je courrais quatre à cinq kilomètres. Avant de partir, je ne faisais pas plus de soixante-dix kilomètres par semaine. Finalement, la composante mentale est très importante : on a mal aux pieds alors qu’ils ne sont pas blessés. Maintenant, je peux marcher pieds nus tous les jours ! » Mais pourquoi ce périple fou à travers l’Europe ? « J’étais en quête de vérité. Derrière ce challenge, je rends compte que l’on peut avoir une confiance absolue en soi, en son corps, et en l’être humain. » 

Des fruits comme source de nourriture 
France, Suisse, Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Croatie, Serbie, Bulgarie, Roumanie. Florian Gomet aura au total visité dix pays pendant son périple. Son quotidien était simple : départ vers 8-9 h du matin pour une journée de course jusqu’à 16-17 h, entrecoupée de pauses gourmandes près d’arbres fruitiers, les fruits étant la principale source alimentaire de l’aventurier. La nuit tombant, l’aventurier se mettait alors en quête d’un toit. « Certaines nuits ont été compliquées à vivre. Mais en quatrevingt- huit jours, je n’ai dormi que six fois dehors, dont deux fois de mon propre choix. J’ai à chaque fois au moins trouvé des couvertures pour me protéger du froid ou des moustiques. Tout était décalé dans ma démarche : mes vêtements, ma manière de voyager… Cela attisait parfois la peur des gens, surtout en Europe de l’Est. Pendant la première partie du voyage, j’étais dans des pays où la mentalité des gens était proche de la mienne. Ensuite, c’était un peu plus compliqué. Plus à l’Est, ma démarche apparaissait comme un non-sens. » 

Des moments exceptionnels 
S’il a rencontré des moments difficiles durant son périple, le coureur retient aussi, et surtout, les instants de joie et de surprise, comme ce soir d’orage en Serbie. « Le soir arrivait et je devais trouver un endroit où dormir. Un orage et des trombes d’eau s’abattaient. Je me suis réfugié dans un bar, j’étais inquiet, trempé… En passant devant une église, j’ai vu plein de lumières et l’une d’entre elles me plaisait. Je précise que je ne suis pas croyant, j’ai juste foi en la vie. Je me suis mis à prier, en demandant de quoi dormir, tellement j’étais désespéré. Le curé est arrivé. C’était l’heure de la messe. Il m’a proposé de rester pendant l’office, mais je voyais qu’il n’avait pas l’air chaud pour m’accueillir. Et il s’est rendu compte qu’en ce jour, c’était la saint Curé d’Ars, un Français. Il y a vu un signe et m’a invité à son presbytère. Il m’a finalement acheté tout ce dont j’avais besoin, j’ai pu donner des nouvelles à mes proches et il m’a même laissé garder sa maison ! » Et comme Florian ne croit pas en la chance, ce genre de situation n’arrive pas qu’une seule fois. « Avant d’arriver à Vienne, j’ai eu une grosse journée avec 62 km dans les jambes. Ce n’était pas une bonne idée d’arriver fatigué, car je devais encore tourner dans le village pour trouver un endroit où dormir. Les gens étaient très fermés. L’un d’entre eux a même appelé la police. Ils ne m’ont rien dit, sauf d’éviter ce quartier. Alors qu’il commençait à faire nuit, quelqu’un m’a donné de l’argent pour aller à l’hôtel. Malheureusement, il était fermé. J’ai alors rencontré des bûcherons polonais. Un seul d’entre eux parlait anglais, je lui ai donc expliqué ma situation. Faisant le même métier, ils m’ont fait venir dans leur caserne et m’ont même apporté des fruits. C’était une sacrée expérience ! » Avec certains de ses hôtes, Florian a même pu garder contact, comme André, un Allemand qu’il a rencontré en Serbie. « Il vivait dans un camping. J’ai passé trois nuits chez lui. Après mes étapes, il venait me chercher pour que j’ai un toit pour dormir et il me ramenait au point d’arrivée le lendemain matin. En plein milieu du voyage, c’était inespéré de trouver quelqu’un comme lui ».

Un film et un livre sur Eurotopia 
Au départ, dans les capitales et à l’arrivée, Florian pouvait compter sur la visite d’une équipe de tournage, qui suivait son périple. « Ils sont venus me voir à cinq reprises, se souvient-il. À chaque fois, cela me faisait un bien fou. » Le film « L’Empreinte », de Pierre Barnerias, sortira normalement en fin d’année. S’il trouve le courage et l’inspiration, Florian devrait également écrire un livre sur sa dernière aventure. 

Et maintenant ? 
Désormais, place au repos pour l’aventurier giblotin. Mais de nouveaux projets sont déjà en préparation. Au printemps, Florian devrait débuter le deuxième volet d’Eurotopia, avec une expérience scientifique du système immunitaire. Et avant la fin de l’année prochaine, il devrait tenter une nouvelle aventure, en famille cette fois. « À mon retour d’Eurotopia, j’ai rencontré le patron de Wild Immersion, une boite qui crée des réserves naturelles grâce à des dons et qui fait des films sur la nature et les animaux avec pour fond la protection de l’environnement. Il m’a proposé un tour du monde à la voile. L’idée ne sera pas d’aller chercher la performance, mais d’aller rencontrer des ethnies qui ne souhaitent pas vivre avec le reste du monde et qui ont un message à nous adresser. Nous irons également rencontrer des chamanes ».