Posté le 30 novembre 2022 par La Rédaction

Karine et Claudine enregistrent des livres pour la plus grande médiathèque audio de France, celle de l’association Valentin Haüy.

On les appelle les donneurs de voix. Ils sont environ 400 bénévoles partout en France qui lisent à haute voix des livres pour les personnes malvoyantes ou aveugles. La plupart du temps, ces personnes font un travail solitaire sans rencontrer leurs collègues, ni leurs auditeurs. Mais, parfois, elles sont mises en lumière. C’était le cas le 21 octobre dernier à la médiathèque municipale de Mâcon, lors de l’inauguration de l’espace dédié à la lecture des livres audio. Parmi les invités, il y avait Karine Drijsen et Claudine Leluc, deux donneuses de voix de Mâcon qui ont pu ainsi faire connaissance l’une avec l’autre et rencontrer des personnes qui écoutent les livres audio de la médiathèque nationale Valentin-Haüy pour laquelle elles oeuvrent toutes deux bénévolement. Valentin Haüy est la plus grande association en France au service des aveugles et malvoyants.

Une lectrice passionnée

Karine est membre de l’association AMI 71 pour personnes en situation de handicap et de Femmes solidaires de Mâcon. Elle est donneuse de voix depuis seulement un an. « La raison pour laquelle j’ai décidé de le devenir, c’est parce que j’aime beaucoup lire et aider les gens. Être donneuse de voix combine les deux. J’ai contacté l’association Valentin Haüy, et j’ai écrit à la médiathèque à Paris qui m’a envoyé un texte à enregistrer pour voir si ma voix convenait bien, si je ne bégayais pas. J’ai passé ce test et l’on m’a envoyé une liste de plusieurs textes, parmi lesquels j’ai pu choisir à l’automne 2021, se souvient Karine. J’ai téléchargé le logiciel d’enregistrement nécessaire et me suis débrouillée seule avec ce logiciel pour savoir corriger, car je suis exigeante. J’ai réservé une pièce où je puisse me retirer pour lire. J’ai tout le temps une bouteille d’eau à côté de moi, car ma voix doit rester égale pendant l’enregistrement. Mais, parfois, quand on commence à lire, on est pris par la lecture et l’on oublie de faire une pause et notre voix est cassée. Les responsables du centre à Paris estiment qu’il faut passer quatre heures par semaine pour enregistrer un livre. Personnellement, je passe beaucoup plus que ça. Mais je suis contente, car j’ai eu des retours positifs de leur part, poursuit Karine, qui a déjà à l’actif quatre livres enregistrés. J’ai eu la chance de rencontrer l’un de mes lecteurs et c’est magnifique, car il m’a offert le CD avec le livre. J’avais la preuve que mon travail a servi à quelque chose. »

15 livres enregistrés

Claudine Leluc, qui est également directrice du Secours populaire de Mâcon, a commencé la collaboration avec la médiathèque Valentin-Haüy il y a trois ans. Depuis, elle a prêté sa voix à une quinzaine de livres dans des registres variés : policiers, historiques, psychologie, etc. Comme Karine, elle est très soucieuse de faire un travail de qualité : « C’est une activité agréable, mais l’on ne peut pas enregistrer très longtemps. Parfois, après une heure et demie de lecture à haute voix, on n’a qu’une demi-heure d’enregistré effectif. Ça prend du temps, car j’ai envie que ce soit bien. Pour les dialogues, on change légèrement notre intonation quand il s’agit d’un personnage masculin. Mais, de manière générale, nous n’avons pas le droit de changer notre voix. » Claudine Leluc se souvient avec amusement de ses débuts en tant que donneuse bénévole : « J’habite à Davayé, près d’une église où les cloches sonnent toutes les demi-heures et chaque heure, même la nuit. Et, parfois, on les entendait un peu sur les enregistrements. Tout comme mes chats qui commençaient à miauler. Mais, des fois, ça va bien d’avoir la lecture avec ces sons de fond. Une personne me disait même que ces sons l’aidaient à s’imaginer où le livre a été enregistré. »

Par rapport à d’autres villes où l’on a des cabines d’enregistrement, où l’on croise d’autres donneurs de voix, ceux de Saône-et-Loire n’ont pas cette chance. « Ce qu’on fait est un travail solitaire, et c’est toujours un plaisir d’avoir des retours. » La médiathèque Valentin- Haüy compte plus de 57 000 livres audio disponibles sur place ou à distance, dont les nouveautés de chaque rentrée littéraire.