Posté le 11 décembre 2020 par La Rédaction

Depuis plus de 20 ans, la maison d’édition mâconnaise « Bamboo » rayonne dans le paysage bédéphile français. Retour sur ce succès avec son président-fondateur, Olivier Sulpice. 

Enfant, Olivier Sulpice, natif de Mâcon, classait déjà ses propres BD par éditeur et avoue aujourd’hui ne jamais avoir cru qu’il pourrait en arriver là. Son histoire a basculé au début des années 1990, lors de son service en gendarmerie, quand il rencontre un certain Henri Jenfèvre qui deviendra dessinateur de la célèbre série « Les gendarmes », éditée par Bamboo. Durant cette période au sein de la gendarmerie, les deux amis commencent à créer ensemble en adaptant les blagues de « Grosses Têtes » en BD. Quelques mois plus tard, ils ouvriront un studio de dessin dans un appartement de Mâcon. Ils honoreront leurs premières commandes publicitaire avec Henri au dessin et Olivier pour le secteur commercial. En 1994, ils publieront des planches de BD dans le magazine « Échappement » qui deviendront quelques mois plus tard, un album paru aux éditions de la sirène. Mais l’expérience sera mitigée et donnera l’idée à Olivier de mettre en place sa propre structure. La première production de la maison sera une BD autour des assureurs, une idée soufflée par le propre assureur de la maison d’édition. Tout en travaillant sur ses scénarios la nuit, Olivier Sulpice gère la distribution des albums de A à Z, de l’appel aux libraires, pour leur proposer ses titres, à la mise en cartons. « Mon objectif était de vendre 50 livres par jour et nous nous étions dit que nous ouvririons le champagne si nous atteignions un jour les 10 000 exemplaires pour un album », se souvient l’éditeur dont l’entreprise vend plusieurs millions d’albums par année et emploie une cinquantaine de salariés. Pour faire la différence, il va également « là où les autres professionnels ne vont pas ». C’est ainsi qu’il arrive à convaincre Décathlon de vendre les albums des « Footmaniacs » et vendre des albums des « Gendarmes » directement auprès d’eux. Les éditions Bamboo sont de plus en plus présentes dans les festivals et rencontrent ainsi des auteurs. C’est ainsi qu’Olivier Sulpice réussit à convaincre Achdé, Belom, Michel Janvier, Éric Miller et Hervé Richez, cadre bancaire qui deviendra par la suite auteur et directeur de la collection Grand angle au sein de Bamboo, de signer au sein de sa maison d’édition pour une avance de droit symbolique. Au début des années 2000, la production d’albums triple, passant de 5 à 15 par an et les éditions Bamboo signent un contrat avec un diffuseur qui leur permet d’augmenter significativement leurs ventes. La maison d’édition que l’on connaît aujourd’hui se met en place : éditions des premiers albums des « Profs » dont le premier volume sera sélectionné au prestigieux festival d’Angoulême, publication des séries humoristiques autour des métiers (les fonctionnaires, les pompiers, les autoécoles). Bamboo et son équipe diversifient leurs activités dès 2004 avec la création de la collection « Grand Angle », dirigée par Hervé Richez qui publie des récits plus réalistes et intimistes, et l’arrivée quelques mois plus tard de la collection de manga « Doki-Doki », initiée par Arnaud Plumeri. Par la suite, l’éditeur mâconnais continue son essor avec la création de la série « Les rugbymen » et propose, pour la première fois en France, un panel de titres de BD s’adressant au public féminin avec « Les sister », « Studio danse », « Triple galop » ou encore « Cath et son chat ». 

Plus uniquement de la BD 
Au début des années 2010, les éditions Bamboo mettront en place une collection autour des passions des Français à l’initiative de l’auteur Hervé Richez. Connu surtout pour ses albums autour du vin et de la moto, elle compte aussi des ouvrages autour du bricolage ou du jardinage. Cette décennie sera aussi marquée par le nouvel essor de la collection « Grand angle » qui publie de plus en plus de best-seller dont « Une nuit à Rome » et « L’adoption » et propose davantage de récits historiques, ainsi que l’adaptation des récits de Pagnol en BD. Le fil rouge de sa ligne éditoriale : l’honnêteté. « Elle doit être présente dans chacun des livres que j’édite. Je n’éditerai jamais un livre en me disant « cela ne me plaît pas mais je pense que cela va marcher » ». En plus de la mise en place de son propre système de diffusion, en 2016, qui fait augmenter « les ventes de 36 % », la décennie est aussi marquée par la diversification des activités de Bamboo qui se tourne vers la production de dessin animés avec « Bamboo production », dirigée par Olivier Sulpice et Matthieu Zeller. Cette branche produit, pour l’instant, uniquement la série animée « des Sisters ». Les éditions Bamboo ont également mis en place la structure « Bamboo Films » qui doit, à terme, produire des films inspirés des albums publiés chez l’éditeur. « La saison deux des sisters est en diffusion sur M6 et nous sommes en pourparlers pour une saison trois. Si nous connaissons des difficultés avec la crise que nous vivons, nous avons envie aussi d’avancer sur quatre projets de films que nous avons en préparation : l’adoption, boule à zéro, une nuit à Rome et à coucher dehors », explique l’éditeur. Dans le même temps, Bamboo édition et son équipe ont acquis le très reconnu magazine de BD « Fluide glacial ». « Cela faisait partie d’une stratégie qui nous permettait de continuer d’avoir une dynamique autour de l’humour que nous avions déjà dans nos collections. Par ailleurs, le challenge m’intéressait, je connaissais le magazine depuis de nombreuses années et cela permettait d’aller vers une croissance que je voulais pour le groupe », précise t-il. À noter également qu’en 2018, il a monté une nouvelle maison d’édition, « Drakoo », avec le scénariste Christophe Arleston dans laquelle sont publiés des récits de science fiction et de Fantasy. Et à entendre son fondateur, qui dit vivre son rêve d’adolescent, l’aventure est loin d’être finie. « Cela va au delà de mes espérances ! Je n’aurais jamais cru atteindre ce succès. Dans l’avenir, je veux toujours garder ce plaisir, m’enrichir intellectuellement en continuant de faire des rencontres diverses et variées »