Posté le 27 mars 2023 par Marine Chevrel

 « Je t’emmène au mur ? » Il est un coin secret que l’artiste Bousta – Bouziane en vrai -, fréquente au côté d’autres tagueurs et graffeurs. Tous posent, sur les murs d’un bâtiment désaffecté, les motifs, lettres et visages qui les inspirent. Hulk, 2pac et Martin Luther King, pour Bousta, qui signe aussi une fresque West Coast et le message plein d’espoir : « Paix dans le monde ». « Plus petit, je n’étais pas spécialement fort en dessin ! » S’il a découvert et s’est formé au graff, c’est d’abord par le biais du vandale. Une pratique illégale, souvent de nuit, où « il faut faire joli… et rapide ! » À partir de celles qu’il observe sur les rames de train, Bousta s’essaie à ses propres réalisations, crée son style et l’affine année après année. « On évolue sans arrêt ! » Il est appelé un jour par un ami pour décorer la chambre de son fils. Le dessin plaît, fait des envieux, Bousta est appelé de la part de, puis tout s’enchaîne. « Ça n’est que du bouche-àoreille ! » Au point qu’il officie désormais chez le particulier comme auprès des mairies et entreprises. Des sollicitations qui ne sont pas sans amuser le graffeur, mis comme les autres et pendant longtemps dans le panier des délinquants… « Le graff, et la culture hip-hop en général, sont connotés. Quand dans un film, tu vois le gars dans un endroit avec des tags, tu sais qu’il va lui arriver un truc… » La venue d’un graffeur dans une émission de déco populaire, il y a quelques années, a permis de montrer la qualité du travail à la bombe et faire connaître la discipline. « On est passés de voyous à artistes. » Les jeunes s’intéressent, apprennent, développent leur identité, et Bousta les y aide. En France, dans les collèges et lycées, dans une école de beaux-arts en Algérie, désormais à Saint-Bénigne, avec l’asso Original criz’. « C’est un vrai travail, qui demande de créer, et de ne pas lâcher. » Plusieurs heures sont en effet nécessaires pour un graff abouti. « Attention, nuance Bousta. Ce n’est pas du street art ! On n’a pas de pochoir. Faut être bon dès le début… » Un travail de l’instant qui continue de le régaler après plus de 30 ans ! S’il continue à couvrir murs et bâtiments, par plaisir et sur demande, Bousta varie aussi les supports : toiles, tee-shirts, vinyles, à l’aide d’un aérographe qui, par un système d’air comprimé, permet de projeter la peinture avec précision.

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Le graff , la musique aussi

Plus qu’un graffeur, Bousta est un artiste. « Je suis de l’ancienne génération ! » De ceux qui graffaient et graffent encore pour se faire connaître et pour transmettre. De ceux qui rappaient et rappent encore, pour le poids des mots, la puissance du verbe et la portée du message. Des prémices de cette culture hip-hop à ce jour, en France et régulièrement outre-Atlantique, Bousta en est le parfait ambassadeur. « Avec un pote, on a même monté un spectacle sur l’histoire du rap. The Hip-Hop Story, ça s’appelle. » Soucieux d’en montrer une autre image, plus reluisante que celle véhiculée par les médias, il invite à découvrir son monde, et sa communauté, de l’intérieur. Faire tomber les clichés, pour mieux accepter. « Il faut arrêter d’être vus comme les méchants. » Arrêter aussi, de chercher les murs instagrammables et prendre le temps d’échanger avec les artistes du coin de sa rue. Et les soutenir.

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Bousta – 06 61 28 65 95
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