Chez les Soodts à l’heure du déjeuner, c’est à neuf que l’on passe à table. « Quand il y en a pour autant, il y en a pour plus encore : vous avez mangé ? » Grégory le papa, Marion la maman, leurs 7 (bientôt 8) enfants : Louis, Martin, Jeanne, Marthe, Alix, François, Marguerite. Et Cornelius, le chien. Une famille nombreuse installée dans une de ces grandes demeures du Beaujolais. Au beau milieu des vignes et de toutes parts offerte aux rayons du soleil. Lui est ostéopathe. Elle, mère au foyer et instructrice pour les deux plus grands. Une famille ordinaire, aux commandes pourtant d’un projet extraordinaire. Celui de fédérer tous ses membres autour de l’histoire de leurs ancêtres. « La famille de Marion est de l’Ain », décrit Grégory. Issue de la lignée de Monspey, dont la marquise Alix était une femme de lettres et a légué beaucoups d’écrits. Notamment un manuscrit duquel Grégory, en grand amateur de littérature et d’histoire, a fait le terreau des aventures familiales. « Ce manuscrit est le reflet fidèle du quotidien de l’époque, avec ses spécificités, ses anecdotes, ses personnages. » Son fils parti au front, et ses deux petits-fils : Jean et Henri. Les ancêtres, et héros de la famille Soodts, un siècle plus tard.
De fabuleuses aventures
C’est par la vidéo que la famille se fait d’abord connaître en tournant des séquences entre Beaujolais, Mâconnais, notamment dans la forteresse de Berzé-le-Châtel, Ain aussi, et jusque dans les Flandres. Sur YouTube, les Fabuleuses aventures de Jean et Henri cumulent des dizaines de milliers de vues. Une série de chapitres et films, déclinée depuis l’an dernier en une collection d’ouvrages. « Deux sont parus, précise le papa. Le troisième est en cours d’écriture. Un ouvrage à plusieurs mains, les enfants contribuant selon leurs talents respectifs à la réalisation de l’ensemble. » Un espace d’expression pour développer des compétences propres et les exercer sans autre risque que de faire une seconde fois. L’opportunité formidable, surtout, d’intéresser, impliquer et éduquer de jeunes enfants autrement que par les seuls manuels scolaires. Sollicitée pour adapter ses créations – en changeant notamment pour un binôme de héros paritaire -, la famille a toujours fait le choix de décliner. « Ce projet ne doit pas être orienté par des courants, quels qu’ils soient… » Un projet d’autant plus intouchable qu’il sert la volonté – et la mémoire, tel que souhaité par la marquise en en-tête de ses livres – familiale. « Il y a l’Histoire, et l’histoire d’une famille. » Un pont, entre deux époques séparées par un siècle. Un pont que traversent à loisir les membres de la famille Soodts en amoureux des traditions, valeurs et idéaux de cette vieille France. « Longtemps, on nous a pris pour des fous. Et aujourd’hui encore ! Même si, de plus en plus, les gens veulent sortir des cases. Revenir aux fondements de la liberté… » Fort de l’héritage laissé par l’aïeule de Marion, la marquise de Monspey, et désormais suffisamment à l’aise dans la production domestico-cinématographique, Grégory vise la semi-professionnalisation. En parvenant à interpeller un grand nom, même pour une brève apparition – les pros diront « caméo » -, ou en utilisant du matériel plus qualifié qu’un tissu vert tiré dans le salon et la caméra du téléphone – très performante au demeurant. L’objectif ultime étant d’offrir à ses enfants, par le biais de cette incroyable expérience, les clés pour savoir qui, et comment être une fois plus grands. Pour l’instant, à en croire les retours, tous sont « vrai contents »…
