Posté le 8 février 2024 par La Rédaction

Jean-Philippe Naas fait de l’observation du monde le terreau de son imaginaire. « Parce que le théâtre, ça ne va pas que dans un sens. » Aussi le metteur en scène multiplie-t-il les résidences, les rencontres surtout, à la découverte des gens et de leur quotidien. « Je fais le choix de m’adresser aux jeunes publics. Jeunes en âge, jeunes aussi en expérience du théâtre. » Pour confronter les regards et ouvrir le débat. Ce qu’il cherche enfin, c’est cette place laissée tout entière à l’imaginaire. Tantôt en convoquant des souvenirs ou en laissant vagabonder son esprit. « Ça commence avec le nom de ma compagnie : En attendant, dont l’ambition est de réinstaller ces temps fertiles. » Un travail auquel s’attèle l’artiste, en amateur de mises en scène dépouillées. Car « ne pas tout montrer, c’est inviter le spectateur à remplir les trous. Le rendre acteur ».

94

Vivre et grandir
La Rivière, c’est le fruit d’un travail mené auprès des scolaires. Avec comme point de départ une question : lit-on encore des histoires aux enfants ? Une question, qui en soulève mille autres. Le rôle des parents et la place des écrans aujourd’hui, notamment… De ses lectures passées, lui retient le conte du Joueur de flûte de Hamelin. « Par cette histoire, on saisit l’importance de la parole donnée. La violence occasionnée par le non-respect de la parole donnée, surtout. Même si bien sûr, toutes les déceptions ne se valent pas. » C’est une flûte, trouvée alors qu’ils vident la maison familiale, qui pousse trois frères à se rappeler les histoires qu’on leur lisait avant de dormir. Et à aborder chacun la façon dont ils ont vécu ces instants. Par l’exemple de cette fratrie, Jean-Philippe montre combien les membres d’une famille, les enfants de mêmes parents, peuvent être fondamentalement différents. Il analyse, par leurs parcours respectifs, la construction de l’identité. Et interroge, toujours : « Comment devient-on qui l’on est ? » Présentée pour la première fois en 2018, La Rivière convoque en chacun des spectateurs le souvenir plus ou moins douloureux, attendu ou redouté du passage à l’âge adulte. Le titre, dans la même veine que le nom de la compagnie, laisse tout loisir d’interpréter ou rattacher à ses propres joies d’enfance. « La rivière pour moi, ce sont les jeux simples au bord de l’eau. » Et le décor, un pan de maison avec quelques cartons, suffit à camper ce fief que l’on vide pour acter définitivement la fin d’une tranche de vie. Avant d’avancer chacun dans une direction. « Le théâtre sert à ça : susciter la réflexion. Pendant la pièce et surtout plus tard, quand tel ou tel événement fait écho. » Nul doute que la Rivière, celle qui coule comme le temps passe, ne sera pas sans quelques remous.

La Rivière
Écrit par Denis Lachaud, mis en scène par Jean-Philippe Naas
Mardi 5 mars (à 14 h et 20 h) et mercredi 6 mars (à 20 h) au Théâtre de Mâcon
Tarifs : 8 à 25 €