Posté le 23 février 2022 par La Rédaction

Depuis trente ans, les bénévoles de Village et environnement remettent en état cadoles et murgers, témoins architecturaux de l’histoire viticole du Mâconnais. À sa création en 1990, l’association Village et environnement réunit des opposants à un projet concocté par la municipalité de La Roche-Vineuse : construire un lotissement de 80 pavillons sur la colline de Monceau, endroit bucolique combinant buis et vignes, mais aussi carrière et décharge.

La construction après la contestation

Les contestataires obtiennent finalement gain de cause et changent alors de rôle. Suzanne Chanut, adhérente de la première heure, se souvient de ce combat vénérable : « Nous avions gardé notre colline. Mais nous devions dès lors la mettre en valeur ! » Cette deuxième phase commence par une opération de nettoyage : « Nous avons battu le rappel. Un samedi, nous nous sommes retrouvés à 80 et nous avons passé la journée à faire des allers-retours à la déchetterie ! »

Des bras et du bon sens

Un espace de balade pédagogique est ensuite aménagé, avec notamment un rang de vignes comprenant les quatre cépages de la région (aligoté, chardonnay, pinot et gamay). Des panneaux informatifs sont installés, présentent la flore et décrivent le paysage. Un labyrinthe de buis vient compléter la promenade. Des manifestations culturelles ont été ponctuellement organisées, manière également de collecter quelques subsides. Village et environnement se lance alors dans une nouvelle aventure : la rénovation des cadoles et des murgers. En français : les cabanes de vignerons et les murets bordant les chemins. Le tout se fait en ramassant puis amassant, sans les maçonner, les pierres plates qui jonchent les vignes. Ces ensembles datent principalement du XIXe siècle, une époque où la standardisation n’avait pas encore cours. Mais les abris sont tombés en désuétude, les murs sont partiellement écroulés.

au pieds des cadoles 1

Un patrimoine rural à conserver

Chaque samedi, la petite troupe amène bonne volonté et bras, renouant avec des gestes ancestraux. Francis Pin est l’actuel chef d’équipe : « Nous employons certainement les mêmes techniques que les Romains. Nos constructions repartent pour 100 ans ! » L’ancien couvreur lavier devine la forme générale à partir de la courbure d’un détail ou d’un linteau retrouvé dans les décombres : « Toutes les cadoles sont différentes, avec des toits plats ou à deux pentes, couvertes de tuiles ou de lauzes, même de fagots de sarments. » Ces bâtisseurs des temps modernes ne sont pas tenus par un agenda très strict. Le secrétaire Gérard Carrère s’amuse : « Il faut le temps qu’il faut. Ça dépend du personnel disponible, du temps qu’il fait ! » Quand même, le bien nommé Circuit des Cadoles couronne désormais la colline de Monceau avec ses huit haltes réparties sur quelque trois kilomètres. Voilà une bien chouette balade au-dessus des villages alentour, de la plaine de la Saône et des monts du Beaujolais. Une neuvième cabane est en cours de restauration, originale par sa forme circulaire et par son emplacement, au beau milieu d’une vigne et sans être adossé à un murger. Gérard Carrère conclut : « C’est notre façon de faire revivre le patrimoine rural ! »