Posté le 26 mars 2023 par La Rédaction

Du 13 au 31 mai, il exposera des travaux au 32e salon de peinture et sculpture, au Cellier des moines de Tournus.

Imaginez un peu. Moins de neuf ans après sa première exposition à Mâcon, Jean-Michel Levraux a présenté son Étreinte au Grand Palais de Paris… à quelques battements d’ailes de pigeon du célèbre musée d’Auguste Rodin ! L’un de ses maîtres à sculpter, avec le Roumain Constantin Brancusi. L’oeuvre du Bressan figurait parmi quelque 2 000 créations d’artistes nationaux et internationaux, triés sur le volet et exposées au regard de milliers de visiteurs du 15 au 19 février dans le cadre d’Art Capital, le salon des artistes français. Son Étreinte est une sculpture abstraite, polie, aux formes sensuelles. Elle représente deux corps entrelacés dans un élan amoureux. Jean-Michel Levraux leur a donné vie à partir d’un bloc de marbre de Carrare, dans l’atelier aménagé dans l’écurie de l’ancienne ferme de ses arrière-grands-parents à Attignat. C’est là qu’en 2012, à sa retraite professionnelle, il a entamé sa seconde carrière… celle d’artiste sculpteur. Avec fulgurance. Quasi néophyte dans cette discipline artistique quand il a débuté les cours, appris les techniques, acquis les gestes, à l’école municipale d’arts plastiques de Mâcon, il est aujourd’hui reconnu par ses pairs, les galeristes et les collectionneurs.

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Jean-Michel Levraux près de l’Étreinte, la sculpture qu’il a exposée à Paris

Sa passion pour l’art, et la sculpture en particulier, se sont révélées progressivement. Jean-Michel Levraux a toujours dessiné. Mais en avançant dans l’âge, cette pratique l’a « stressé », avoue-t-il. « J’avais besoin d’un rapport physique avec la matière. J’étais plus marteau et burin que plume et encre. » À 45 ans, une expérience a révélé son aptitude à penser en trois dimensions. Il a reproduit un nu féminin dans un bloc de béton cellulaire de 50 centimètres de hauteur, au moyen d’un simple Opinel et… « d’une râpe à fromage » ! Les nombreux prix glanés à partir de 2018 dans des salons hexagonaux ou hors des frontières françaises, n’ont fait que confirmer son talent. En 2019, dans sa ville natale de Bourg-en-Bresse, Jean-Michel Levraux a eu « le privilège » d’être le seul artiste vivant invité à la retentissante exposition Voilé.e.s/Dévoilé.e.s au monastère royal. Son oeuvre voisinait avec une magnifique vierge voilée du sculpteur italien Giovanni Strazza, célèbre au XIXe siècle. Jean-Michel Levraux est passé avec aisance du langage des comptes publics – sa première vie – à celui de la pierre, plus poétique à l’entendre. « Il faut savoir écouter son chant, pour apprendre à la sculpter », confie-t- il. L’albâtre pour sa propriété translucide et le marbre noir de Belgique, qu’il modèle « aux petits ciseaux », ont ses faveurs. Dans le calme du bocage bressan, il travaille soit sur commande, soit selon son inspiration et ses émotions du moment. « Pour produire une oeuvre figurative, je m’inspire de photos piochées sur Internet, et le travail démarre alors assez vite, explique-t-il à propos de sa démarche créative. Quand c’est abstrait, je ne sais pas où je vais. C’est la forme de la pierre qui conditionne l’oeuvre. » Jean-Michel Levraux a disposé quatre tabourets dans son atelier. Ils lui permettent d’avoir autant de points de vue sur la pierre à sculpter. « J’ai besoin de tourner autour. Au début d’une création, je suis dans le doute. Puis arrive le moment où la pierre a compris ce que je voulais faire d’elle, où je sais où je vais, et là, je peux passer des heures à tailler, polir. » Et l’artiste de citer Michel-Ange évoquant la question qu’un enfant lui avait posée naïvement : « Comment tu savais qu’il y avait un cheval dans la pierre ? » Dans la matière brute que débite, réduit, le sculpteur, sont souvent « enfermées » des silhouettes de femmes. « J’ai sculpté beaucoup de paires de fesses, s’amuse-t-il, parce que j’aime la sensualité féminine. » Les sculptures de Jean-Michel Levraux parlent à sa place. « Elles sont le chemin de ma vie, de mes expériences, de mes fantasmes, de mes rêves », et parfois de sa tristesse. Comme cette statue de femme recourbée dans son chagrin. « Je l’ai conçue en pensant à quelqu’un qui a connu la disparition d’un être cher. » Au fil des expositions, l’artiste bressan tisse son réseau, rencontre d’autres artistes, sculpteurs, partage avec eux sur leur pratique, échange des « tuyaux ». 

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