Posté le 30 novembre 2022 par Marine Chevrel

Derrière le mur jaune au fond de l’allée, s’active depuis juin la joyeuse équipe de Maud Griezmann. Au Matilda, ça s’appelle. Comme l’héroïne du livre. L’affiche du film est là, elle aussi. Pile au-dessus du canap’ et d’un plaid en carrés en laine. Les mêmes que Mamie tricotait. Ça tombe bien, Maud veut que ce soit comme à la maison. « Il n’y a pas meilleur compliment ! » Viens, on te fait visiter. D’abord ici, la librairie. Au fond, l’espace vinyles. Plus loin dans le noir, la grande salle. En version chill, fauteuils et tables basses, ou spectacle, avec un quart de mille gens, config’ assise. Après le mur accordéon, un arbre, des poutres, plein de couleurs et la lumière du jour. C’est la partie resto : salle, jardin d’hiver, terrasse, avec en marge, deux alcôves aux entrées de Hobbit pour les expos. Bref, un lieu de culture curieux – de curiosités culturelles aussi – comme on les aime. Bienvenue !

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« Tout est prétexte à faire la fête »

Son truc, à la famille Griezmann, c’est le foot. La culture, pas des masses : pas le temps, pas le sou… « Je me souviens d’avoir fait trois concerts quand j’étais petite : 2B3, Manau et Hélène et les garçons. » Carcan commercial de la créa musicale. Mais Maud part étudier à Lyon. Court les expos, concerts et goûte, à tarif doux, au potentiel culturel des grandes villes. « Là je me dis : ce serait trop bien d’avoir un lieu à Mâcon où il y ait tout ce que j’aime. » Plus tard en voyage, elle voit qu’ailleurs, déjà, ça existe. De « joyeux bordels » comme elle a connu en famille. Plus tard encore, à Cultura, elle rencontre Simon. « Lui, et tout un tas de gens avec des goûts très différents ! » Simon est toujours là. Comme chef prog’. Et ensemble ils en font, des concerts ! De leurs coups de coeur, s’allonge la liste des noms à inviter… « Des groupes qu’on a aimés. Pas connus, mais qui gagneraient à l’être. » Des pépites donc, que Maud veut faire se produire chez elle, sous l’oeil de Matilda. « On propose quelque chose de différent, quitte à bousculer un peu ! » Avec l’envie de montrer que oui, il se passe des trucs à Mâcon. Pas qu’à Paris ou Lyon. Des trucs vraiment très cool. « On est plein d’acteurs culturels. L’idée, c’est de travailler tous ensemble. » Et avec tout le monde. Sans préjugés ni barrière sociale. « Ce n’est pas un lieu pédant, ici. Ceux qui sont entrés ont adoré. » Peu importent l’âge et la condition. Un hétéroclisme comme créneau chéri de la cheffe, jusque dans la déco. Ni bric-à-brac ni endroit sage, le Matilda se veut plutôt cocon vintage aux mille visages. Une maison de famille, où chacun aurait ramené un bout de ses voyages. Façon de donner une âme, et de se sentir bien. « J’ai voulu qu’on entre ici comme chez quelqu’un… »

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Tout était clair, dans la tête de Maud. Fanny Soulier l’a formalisé, et de belle manière. Le végétal est au coeur de l’endroit comme l’écologie au centre des enjeux aujourd’hui. « Bien sûr, c’est un message à passer ! » En témoignent le compost sur la terrasse et l’obligation de réserver pour les repas du midi. « Ça évite le gaspi, ce n’est pas pour être pénibles… » Un engagement, au même titre que l’ouverture d’esprit. Notamment sur les sujets de société. « Sur le féminisme, déjà. On aimerait avoir la parité dans les groupes. Là, c’est des hommes à 95 % ! Sur l’inclusion aussi, notamment avec Anaïs que l’on accompagne et soutient dans son projet de transidentité. Ça ne dérange personne, ici : tu fais ce que tu veux de ton corps. On a aussi Aïssatou, dont le contrat lui a permis de rester en France. Tout le monde trouve une place au Matilda. » Mieux : s’y sent à sa place. Sur le plan culturel, Maud recrute son équipe au feeling, et selon les goûts. « Je veux des personnes qui soient force de proposition, qui puissent faire découvrir de nouvelles choses ! » Gage de – toujours – belles surprises. Regarde la prog’. C’est encore tout neuf, mais les projets sont là : ateliers, conférences… « boums d’anniversaire même. Il faut que ça vive ! » Côté rendez-vous réguliers, Maud veut proposer une séance de dédicace chaque samedi après-midi. L’histoire s’écrit aussi ailleurs. À Cluny depuis janvier, dans le café-librairie Le Jardin secret. Pépite où l’on lit, boit un café, flâne et s’évade volontiers. « D’ici 5 ans, j’aimerais monter un resto portuguais. L’idée, ce serait de trouver une mamie qui cuisine comme là-bas. On pourrait proposer de l’artisanat. » Un projet en forme d’hommage à sa grand-mère disparue. Mille idées à la seconde, dans la tête de la grande soeur Griezmann, qui continue de suivre son frère en tant qu’agent dans les coulisses des matchs. Parce que l’envie d’être ensemble, le goût du partage et la soif de découvertes ne se tariront jamais.

83, allée Germaine-Taillefer à Mâcon
03 79 42 00 35 

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