Posté le 4 avril 2024 par La Rédaction
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Le 17 avril 1924, l’appellation Moulin-à-Vent naissait sous l’impulsion de ses vignerons, voyant ainsi son nom rattaché pour la première fois à une zone géographique précise. 2000 ans après la mise en terre des premières vignes et 100 ans après la création de l’appellation, le cru continue à gagner ses lettres de noblesse. } Il y a un siècle, les vignerons de l’appellation gagnaient leur procès contre des négociants appelant Moulin-à-Vent des vins qui venaient d’ailleurs. Fixant sur papier les 640 hectares de l’aire de production, le décret scella également la double appartenance de ces vins à des départements différents. Planté sur les communes de Romanèche-Thorins en Saône-et-Loire et de Chénas dans le Rhône, Moulin-à-Vent fait partie des rares appellations françaises à être partagées entre deux régions administratives différentes. Riches d’une belle diversité de terroirs entre granites, roches volcaniques siliceuses, grès, marnes et calcaire, les 250 vignerons se concentrent de plus en plus sur la réalisation de vins parcellaires. Après une étude de 10 ans permettant de dresser une carte précise des sous-sols du Beaujolais, chacun d’entre eux a désormais les clés pour réaliser des vins identitaires. Ici, rien de lisse, rien de ressemblant d’une cuvée à l’autre. Le vin, c’est aussi cela. La mise en abîme consacrant la beauté du sous-sol qui nourrit la vigne et la patte de l’Homme façonnant le fruit de la nature pour en faire des moments de partage. Aujourd’hui, Moulin-à-Vent s’éloigne plus que jamais des idées reçues que l’on pouvait avoir de la région il y a quelques années. Soyez-en sûrs : dans le Beaujolais, chaque ouverture de bouteille est un moment à part entière.

L’occasion de célébrer l’appellation

Prétexte aux festivités, l’anniversaire est également l’occasion de créer une belle vitrine pour les vins de Moulin-à-Vent comme l’indique Nicolas Chaffurin, vigneron au Château de Bel Air et au domaine Les Deux Flèches. « Nous organisons énormément d’animations, pour les professionnels comme pour les particuliers. Un dîner de gala le 17 avril, une balade gourmande, des dégustations à différents moments de l’année, une animation au marché de Noël de Munster, ville jumelée avec Romanèche-Thorins… L’idée est vraiment de faire rayonner l’appellation aux niveaux local, national et international. » Une bonne occasion de redécouvrir les vins du Beaujolais au sens large et de se faire une idée plus précise de ce qu’ils sont aujourd’hui.

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Bientôt un 1er cru à Moulin-à-Vent ?

100 ans jour pour jour après la création de leur appellation, les vignerons de Moulin-à-Vent déposeront le 17 avril 2024 un dossier à l’INAO afin de débuter les démarches officielles de création du 1er cru. « Il s’agit d’une reconnaissance de ce qui existe déjà, nous n’inventons rien, rappelle Julie Pitoiset, vigneronne au Château des Jacques. Le dossier se base sur les déclarations de récoltes et les pratiques culturales réalisées sur plusieurs générations. Des zones géographiques ont été définies, avec des lieux-dits complets proposés pour l’obtention de l’appellation 1er cru. Ce sera ensuite un travail d’échanges entre l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) et nous pour préciser les choses. » Une démarche qui trouve son écho en plusieurs endroits du Sud de la Bourgogne, peu de temps après l’apparition des premières étiquettes 1er cru de Pouilly-Fuissé comme l’indique Thomas Patenotre du Domaine de la Sionnière. « Fleurie a déposé son dossier au printemps 2023, Brouilly en fin d’année, Julienas devrait nous emboîter le pas. Chacun suit son chemin. » Véritable valorisation de l’image de marque de ses vins, ce classement permettra de mettre en lumière des vins d’une qualité exceptionnelle, pointant leurs terroirs comme étant les berceaux de très belles réalisations vinicoles. « Il s’agit d’une mise en valeur des terroirs, pas des propriétés » insiste Denis Chastel-Sauzet du Domaine du Moulin-à-Vent. Un détail qui a toute son importance, puisque certaines régions comme le Bordelais voient leurs classements se construire autour des châteaux. Ces derniers peuvent ainsi acquérir d’autres vignes de qualité moindre et les faire entrer dans l’assemblage de leurs grands crus. Ici, rien de tout cela : le classement à la bourguignonne prime, réaffirmant par là même l’appartenance du Beaujolais à la grande Bourgogne viticole.

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Le moulin à vent pour symbole éponymique

Construit en 1450, le moulin à vent qui donne son nom à l’appellation est dans la famille de Denis Chastel-Sauzet depuis 1853. Légué à Paul Sauzet par sa marraine, avec le domaine du XVIIe et quelques vignes, il trône fièrement en haut de sa colline, veillant au grain du débourrement à la chute des feuilles. « À l’époque, il n’y avait pas que le travail de la vigne ici, nous raconte le propriétaire passionné d’histoire. Les paysans avaient un tiers de vignoble, un tiers de prairie et un tiers de céréales. Les vaches laitières broutaient dans les pâturages, un cheval travaillait à la vigne, les céréales permettaient de nourrir les animaux et une partie était réduite en farine dans ce moulin pour faire le pain. Nous n’avons hélas pas beaucoup d’archives, car le moulin s’est toujours trouvé dans une zone frontière. Entre deux régions aujourd’hui, mais aussi entre les territoires des sirs de Beaujeu et de Cluny si l’on remonte un petit peu dans l’histoire. » À l’arrêt depuis 1819, le moulin a perdu ses ailes en 1911 et les a retrouvées en 1999 sous l’impulsion du couple de propriétaires. Vestige d’une époque lointaine, il est aussi le seul monument dont le nom commun donne sa dénomination à l’AOC viticole qui l’entoure. « Il est où ce moulin à vent ? À Moulin-à-Vent. » Facile !

La confrérie de Chénas et Moulin-à-Vent

Créée en 1996 par 17 membres, la confrérie réunissait à l’époque vignerons et amateurs éclairés des vins de Chénas et Moulin-à-Vent. Invités sur les événements vinicoles et gastronomiques, les 7 défenseurs actuels de la confrérie souhaitent faire repartir leur association, balbutiante depuis la crise sanitaire. Vous aimez les vins de ces deux appellations et vous sentez l’âme d’un ambassadeur ? Pourquoi ne pas vous faire introniser ?

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Fiche d’identité de l’appellation

• Communes : Chénas et Romanèche-Thorins
• Superficie : 640 hectares
• Vignerons : 250
• Cépage principal : Gamay noir
• Cépages accessoires : Gamay de Bouze (noir), Gamay de Chaudenay (noir), Aligoté (blanc), Chardonnay (blanc), Melon (blanc)
• Décret de reconnaissance de l’appellation : 11 septembre 1936
• Degré alcoolique minimum : 10,5%

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